Les plus beaux moments de la vie sont bien souvent de courte durée, même s’ils sont précédés de longues années de préparation. Il n’en va pas autrement pour les cigares. Une heure de plaisir offert par un bon cigare est le fruit de mois – parfois d’années – de travail manuel attentif, spécialisé et intense. Découvrez ici le processus de fabrication complet d’un cigare.

La plantation

La vie du cigare commence avec une plante de tabac. De petites graines sont cultivées sous serre durant 45 jours. Elles sont ensuite plantées, rangée par rangée, dans les champs.

Il n’y a que peu d’endroits sur terre où les conditions idéales sont réunies (sol, température et taux d’humidité) pour permettre à la graine de tabac de devenir une plante dont les feuilles poussent tout au long du processus de production du cigare.

Les plantes de tabac, qui poussent à l’ombre, sont recouvertes d’une haute construction – des sortes de tentes de mousseline –  à travers laquelle les rayons du soleil sont filtrés.

La cueillette

Après 45 jours supplémentaires, les plantes sont prêtes pour leur premier ‘amorçage’ ou récolte : la cueillette de quelques feuilles destinées aux cigares. Le secret du goût d’un cigare commence en réalité déjà à ce stade, car la position des feuilles sur la tige détermine les différents arômes.

Le Volado, la feuille inférieure, est celle qui a la saveur la plus douce ; le seco, à mi-hauteur de la tige, a un goût moyen, et le ligero, au sommet de la tige, a la saveur et la structure les plus fortes. Après 5 ou 6 cueillettes, la plante de tabac ne produit plus que 16 à 18 feuilles supplémentaires dont la qualité est encore suffisamment bonne pour répondre aux critères de production stricts des cigares de qualité supérieure.

L’empilage

Une fois récoltées, toutes ces feuilles seront soigneusement regroupées selon leur structure et leur taille. En fonction du temps et du résultat souhaité, elles seront suspendues dans des hangars à tabac ventilés pendant 3 à 8 semaines. Après cette période, les feuilles sont à nouveau triées et subdivisées selon leur taille, leur structure et leur couleur. À ce stade, les feuilles de tabac sont empilées par fagots de 20 afin d’être prêtes pour le très important processus de fermentation : la période durant laquelle a lieu la transformation d’une feuille de tabac ordinaire en un trésor de possibilités. 

Les fagots sont empilés en tas séparés de 1 à 2 mètres de haut. Grâce à l’entassement serré de ces burros, tout l’air entre les feuilles est efficacement évacué et la phase de fermentation peut ainsi commencer.

La fermentation

La température des feuilles intérieures augmente lentement. L’humidité, le jus, la nicotine et l’ammoniac s’écoulent des feuilles, qui doivent toutes être au même stade afin que le processus se déroule de manière homogène. La chaleur et l’arôme remplissent l’environnement au fur et à mesure que les feuilles acquièrent de la profondeur, de la saveur et du caractère. La température doit être surveillée de près.

Lorsque la température a atteint le niveau souhaité, chaque tas est interverti. Le tas le plus haut est retiré, desserré et placé sur le sol pour former la base d’un nouveau tas. Cela peut être répété jusqu’à 10 fois en 3 mois, sous l’œil attentif des personnes qui testent l’âge, la structure et la couleur. Le processus est terminé lorsque la température se stabilise, une fois que tous les tas ont été déplacés. La durée de ce processus dépend de tout un nombre de facteurs et ne peut donc pas être déterminée à l’avance.

La sous-fermentation produit un cigare qui s’éteint facilement après allumage ou, pire encore, qui a un goût amer et désagréable, et qui donne une sensation de brûlure à la poitrine. Dans le cas d’une fermentation trop longue, les feuilles s’usent et perdent leur saveur. En bref : pour obtenir un cigare de qualité, il faut trouver le temps de fermentation adéquat.

Une fois la fermentation terminée, le tabac est à nouveau soigneusement trié par origine et par date, puis emmené dans des entrepôts afin de continuer à mûrir. Cette période de repos peut durer plusieurs années.

L’humidification

Le tabac venant des entrepôts est extrêmement fragile et friable. Afin de rendre leur souplesse aux feuilles de tabac, elles sont soigneusement aspergées d’eau. Au cours de cette procédure, la bonne quantité d’humidité doit être trouvée afin que les feuilles assoiffées puissent se régénérer.

L’écôtage

Maintenant que les feuilles ont retrouvé leur souplesse, elles sont prêtes à être écôtées. La nervure centrale est enlevée et, dans certains cas, la feuille de cape est divisée en 2 moitiés pour garantir un cigare roulé à la main de qualité. Enfin, les feuilles sont à nouveau contrôlées et classées en feuilles de tripe, de cape ou de sous-cape.

Le mélange

Un cigare ne naît que lorsque le mélangeur fait intervenir sa magie. Son talent réside dans sa connaissance approfondie de chaque variété de tabac. Il faut en effet de l’expérience pour pouvoir distinguer les propriétés des différentes variétés de tabac. Mais la connaissance du goût et du caractère des variétés combinées est un art en soi. Les possibilités sont infinies. On peut comparer cela à un artiste se tenant debout, devant une toile blanche. 

Le mélangeur fait appel à son expérience et à son imagination. Il sélectionne les quantités de tabac appropriées et détermine ainsi le goût spécifique de chaque cigare. Ce qui distingue les cigares des différentes fabriques l’un de l’autre se trouve principalement entre les mains du mélangeur. C’est lui qui détient en grande partie le secret de chaque cigare. C’est ainsi que chaque fabrique et chaque marque se distinguent l’une de l’autre.

Source : partie/traduction du livre “Connaisseur International : Guide du Cigare” de Jane Resnick.

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